《[French] Les Pions de l'Equilibres》Chapitre 41.5 - Progrès
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Au moment où Esh leva son bras, un mantra, récité par Kitour lors de l'un de ses cours, lui revint en tête.
« Un trait consiste en une infinité de points, reliant deux extrêmes.
Un trait représente deux directions opposées, mais peut se diriger n'importe où.
Cette infinité de points, possédant chacun une direction infinie, n'est qu'un outil, un outil pour faire quelque chose de bien plus impressionnant, un outil pour créer.
Créer des formes, des intentions, des humeurs, la vie.
Mais grâce à la polarité des deux extrémités du trait, il est également possible de faire le contraire. La vie qui a été donnée, peut être reprise, il suffit de la barrer. »
Ces paroles qui, quelques mois plus tôt, n'avaient guère de sens à ses yeux, lui apparaissaient désormais sous un autre jour. D'un mouvement fluide, il abattit son bras vers le bas. C'était un trait, mais c'était à la fois bien plus, c'était une création : une langue de feu se dessina devant lui.
À peine eut-il fini, qu'il traça deux autres traits : l'un était parcouru d'une aura verte, et l'autre, d'une aura bleu pâle.
Très vite, les trois traits se rejoignirent, comme s'ils étaient si complémentaires qu'il ne pouvait en être autrement. Leur destin était de se rejoindre. Ils formèrent un triangle, constitué d'un côté enflammé, d'un autre glacé et d'un troisième boisé.
Le triangle se dirigea vers Shelly, à une vitesse si hallucinante qu'elle n'avait aucune chance d'esquiver la pyramide mortelle.
Surpris par l'efficacité de son attaque, Esh tenta de l'annuler, avant de réaliser avec angoisse, qu'à partir du moment où de l'énergie jaillissait de son arme, il n'avait plus aucun contrôle sur celle-ci. Quand bien même cela aurait été le cas, il ne possédait même plus une once d'énergie pour faire quoi que ce soit d'autre que de tenir sur ses jambes sans tomber.
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Heureusement, Evelle, également surprise de la puissance de cette attaque, abandonna son rôle de simple spectatrice, pour s'interposer entre l'attaque et la lionçonne, en générant entre les deux un mur de flammes noires, si compactes qu'elles paraissaient solides.
Mais à son grand étonnement, le mur de feu était sur le point de céder devant la puissance du triangle, et elle dut générer une explosion électrique, si puissante que cela lui coûta la moitié de sa réserve énergétique. Le résultat fut néanmoins au rendez-vous : le triangle implosa de l'intérieur, générant des rafales de vent secouant tous les arbres alentours, créant au passage une tornade de feuilles, avant de disparaître comme s'il n'avait jamais existé.
Une fois que tout le monde fut remis du choc, Evelle ne put s'empêcher de questionner son frère :
̶ Esh, quel est ton niveau de cultivation physique et spirituelle ?
̶ Heuuu, vingt-sept pourcent pour les deux.
Evelle fut prise de court devant l'avancement de son frère. Après tout, plus on avançait sur le Chemin, plus il était difficile de continuer. On appelait cela la pente ascendante, car chaque avancée y devenait plus difficile. Bien sûr, cela s'expliquait, en partie, par la pilule de renaissance qu'il avait consommée, mais Evelle n'avait pas été mise au courant des derniers événements.
Cependant, la surprise laissa très vite place à l'excitation.
̶ C'est extraordinaire ! Je suis une Spirituelle ayant achevé quarante-deux pourcent du premier Pas, mais j'ai dû utiliser la moitié de ma puissance pour stopper ton attaque. Et sans vouloir me vanter, je suis dans la moyenne haute de puissance, en comparaison avec mon niveau de cultivation. Je suis convaincue que ton attaque est capable de franchir les défenses d'un Aspirant avec un niveau de cultivation inférieur à trente-cinq pourcent ! Je doute que quiconque puisse te vaincre lors du prochain tournoi, ajouta sa sœur, en lui ébouriffant tendrement les cheveux.
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En sentant Shelly tirer son autre main avec ses dents, pour également recevoir des compliments, Evelle rit aux éclats :
̶ Toi aussi, tu t'es grandement améliorée, entre ta cultivation physique et ta maîtrise de la loi de la terre, tu devrais être équivalente à un Aspirant Physique ayant achevé trente-deux pourcent du premier Pas ! dit-elle en grattant la lionçonne sous le cou.
Vu que Shelly était loin d'avoir dépensé toute son énergie, le trio continua ensuite de jouer avec elle. Cette après-midi-là fut l'un de leurs meilleurs moments passés ensemble, et dans le cas d'Evelle, sûrement le plus heureux de l'année.
Malheureusement, rien ne dure éternellement. Et quelques heures plus tard, leur père fit son apparition. Il avait une mine encore plus sombre qu'à l'ordinaire. Il toisa longuement ses deux enfants, instaurant par la même occasion un silence lourd, à la limite du gênant. Il finit tout de même par se reprendre, et donna des directives sur un ton sec :
̶ Esh, dépêche-toi de réunir tes affaires, nous partons. Evelle, reste ! Je dois te parler, dit-il, tout en lançant un masque entièrement blanc à son fils, afin qu'il puisse aller jusqu'à la navette sans se faire reconnaître.
Esh partit rassembler ses affaires (constituées uniquement d'une vieille mallette en bois remplie d'habits, le reste étant dans son anneau de stockage), puis redescendit faire ses adieux à sa sœur, celle-ci ayant désormais l'air tout aussi préoccupé que son père.
Survoler la capitale était permis tant que l'on ne brisait pas le mur du son. Ne désirant pas prendre de risque inutile, Yashar l'entoura donc avec Shelly d'une bulle les protégeant contre les frictions du vent, avant de l'emmener vers la navette à toute vitesse. En à peine trois minutes, ils étaient de retour à l'aéroport, et partirent immédiatement vers le village.
De nouveau dans le ciel, il voulut jeter un dernier coup d'œil à la capitale, mais ne parvint pas à voir grand-chose à cause des nombreux nuages de glace la surplombant.
Le voyage se déroula dans le silence le plus complet. Même Shelly n'osait pas respirer trop fort.
Esh voulait savoir ce que son père avait dit à Evelle avant de partir, mais n'osait pas le lui demander au vu de son humeur massacrante. D'ailleurs, peu importe le nombre de fois qu'il le demandera plus tard à sa sœur, celle-ci ne lui révélera le contenu de leur discussion qu'après bien des années.
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